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Re fleurir, encore

Les seules rescapées de feu ma prairie d’fleurs séchées.

Au milieu de celles qu’on dit mauvaises herbes et dont on ignore les vertues.
Parmi le chiendent qu’on a pas invité faute de tenue correcte pour être raffiné, ne restent ce soir que ces quelques intrus.
De rares pavots aux robes froissées, pas vraiment comme il faut, l’air un peu fatigués mais droits sur leurs tiges, la tête relevée.
Alors même que ça semblait fichu, se dire qu’il est possible de refleurir un matin. Comme les coquelicots dans le noir, retrouver le chemin.

Et éclore. Encore.

Peu importe si les pétales se fanent, pourvu qu’il reste les graines, paillettes un peu ternes,
aussi petites que précieuses, robustes et secrètes, l’âme de la fleur cachée en son cœur.
Le temps de la nature est un éternel recommencement.
Sous la fragilité se terre la force étonnamment.
Douce et faillible mais inaltérable.
Une vitalité enracinée puisée dans l’acceptation, la persévérance, la patience et l’abnégation.
Comme la foi infaillible dans des lendemains meilleurs abreuvés aux sources inépuisables des petits bonheurs.

La vie est faite de morceaux qui ne se joignent pas, parfois.
De chapitres et d’histoires qui ne se suivent pas.
Je connais ce refrain, j’entonne déjà la chanson. *
Mais au pied des pavots ce soir, j’en suis sûre c’est certain, il est toujours possible de refleurir un matin.

 

* clin d’oeil au petit bijou de chanson « Modern Style » de Jean Bart avec la voix de Françoise Hardy


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